Résumé des épisodes précédents :
- Je veux acheter une voiture.
- Je dois pour cela transférer de l'argent de mon Livret A vers mon compte courant.
- Bien qu'étant une banque nationale, la Banque Postale limite drastiquement les plafonds d'opération en dehors du bureau de rattachement du client.
- J'ai fait la preuve que sur des opérations bancaires simples, les agents clientèle sont incapables de cerner le besoin et les spécificités du client avant de se retrouver bloqués par l'ordinateur qui refuse la transaction.
- Ceci me conduit à conclure que lesdits agents ne maîtrisent pas les processus liés aux opérations bancaires et se contentent de suivre les indications sur leur écran.

Aujourd'hui, je retente un virement comme celui que j'ai effectué lundi dernier. La différence cette fois est que je tente l'opération dans le bureau de poste où tout a commencé.

Comme la dernière fois, peu d'attente. 100% des guichets ouverts, je ne crois pas avoir déjà vu ça. L'attente est courte et j'accède au guichet. Je commence à maîtriser le processus : carte de retrait pour identifier le compte, carte d'identité pour identifier le client, formulaire de virement destiné à être rempli puis re-saisi à la main. Je le remplis en un temps record (c'est le 4ème en moins d'une semaine). Bon, je lutte juste un peu avec le compte à créditer : j'ai un RIB au format standard mais il s'agit d'un CCP et le RIB ne rentre pas dans les cases prévues à cet effet. Après explication, il faut juste prendre les premiers caractères après le code guichet, les autres servant sans doute à quelque chose mais visiblement pas à identifier le compte...

J'attends patiemment que le client qui s'est intercalé durant le remplissage de la paperasse termine son opération et je tends cartes et formulaire à la guichetière. A cet instant précis, j'ai senti en croisant son regard que tout partait en sucette. Une sorte d'intuition fulgurante.

Elle prend le tout et commence à taper avec un seul doigt l'ensemble des caractères présents sur la carte : numéro de carte, numéro de compte, nom, prénom et date de valeur. Elle termine et je lui demande :
- Votre lecteur de carte magnétique est en panne ?
- Nonon, je fais toujours comme ça.
- Ah d'accord.
Passent quelques secondes, puis :
- Il y a un souci.
- Comment ça ?
- Je ne trouve pas votre compte.
Elle tape tous les caractères une seconde fois et l'identification échoue à nouveau.
- Et en glissant la carte dans le lecteur ?
- ... ... ...
Elle s'exécute.
- Ah, ça marche.
- [soupir]

Et là, plutôt que de prendre le formulaire que je me suis fait suer à remplir, elle me demande le minuscule bout de papier sur lequel j'ai inscrit le RIB du compte à créditer. Elle se dégomme les yeux une troisième fois (après avoir usé sa presbytie 2 fois sur ma carte). Elle valide. Nouvel échec. Elle vérifie sur le bout de papier. Elle vérifie sur le formulaire (des fois que le papier qui m'a servi de référence soit faux et que j'ai spontanément corrigé lorsque je l'ai recopié sur le formulaire) puis se lève et va voir sa collègue, 2 guichets plus loin. Pour la petite histoire, la collègue est la guichetière qui s'est occupée de mois Samedi dernier... D'après ce que je comprends de la conversation, elle s'est planté dans le type de compte à débiter (à savoir mon Livret A qu'elle a pris pour un CCP). En me retournant, je comprends en regardant la file d'attente que peu de gens n'ont pas entendu la conversation. Je récolte un gros soupir, une paire d'yeux qui se lèvent au ciel, 2 regards entendus et un sourire compatissant. Je vous ai déjà parlé de la confidentialité de la relation banque/client ?

Elle revient, valide l'opération (il était temps) et imprime le reçu, qu'elle me tend. J'ai rarement lu un reçu avec autant d'attention. Et j'ai bien fait : mon nom est mal orthographié et la date de valeur est erronée. En effet, vu que j'ai déjà fait un virement de 800€ lundi, j'ai théoriquement dépassé le plafond alloué pour cette semaine, j'ai donc positionné la date de valeur de ce virement au 16, histoire de conserver les intérêts de cette quinzaine, tant qu'à faire. Apparemment, le dépassement de plafond n'a pas impacté la transaction...
- Excusez-moi, mais je crois qu'il y a une erreur : la date de valeur n'est pas celle que j'ai indiquée.
- Je suis désolée, je n'ai pas fait attention.

Pourtant, c'est pas compliqué, sur ce putain de formulaire il n'y a que 3 informations à prendre en compte pour la transaction : le RIB débiteur, le RIB créditeur et la date de valeur ! Elle reprend le formulaire, passe un coup de stabilo sur la date de valeur (des fois que le 16 se change en 9, on ne sait jamais) et elle... retourne voir sa collègue. Elle revient en me disant qu'elle ne peut pas annuler le virement et qu'elle va devoir appeler le centre financier. (La file d'attente ne perd pas une miette de la situation et retient son souffle.) Elle prend mon téléphone et me dit qu'elle m'appellera dès que ce sera fait.

Je sors du bureau de poste, j'ai encore échoué à y passer moins de 40 minutes. Il est 10H45.

A 12H20 (soit 10 minutes avant la fermeture), mon portable sonne :
- C'est le bureau de poste.
- Oui, bonjour.
- Voilà, je n'ai pas réussi à joindre le centre financier.
- Et ?
- Eh bien, je n'ai pas pu changer la date de valeur.
- Que comptez-vous faire ?
- Je ne sais pas.
- ...
- Ben oui vous comprenez, on va fermer et la transaction aura lieu cette nuit.
- Donc vous êtes en train de me dire qu'il n'y a aucun moyen de corriger l'erreur ?
- Eh bien, si vous pouviez faire un virement dans l'autre sens, ça "annulerait" la transaction.
- Le compte qui sera crédité ne m'appartient pas. Et de toute façon, ça n'annulera pas la transaction en elle-même, donc les intérêts de la quinzaine seront perdus.
- Que fait-on ?
- Visiblement il n'y a rien à faire.
- Je suis désolée. Ça vous embête beaucoup ?
- Que voulez-vous que je vous dise ? Je vais être obligé de faire avec.

S'en suivent quelques minutes où je signale que ce n'est pas la première fois que je lutte avec eux et que je songe sérieusement à déménager mon compte. Puis je dis au revoir et je raccroche.

Ah, j'oubliais, le délai de 15 jours nécessaire au changement de rattachement du compte semble être une réalité : une semaine après, toujours rien.